• "Toute habitude est en fait une sorte de "pilote automatique" de la conscience qui prend le relais après la phase d'apprentissage initiale ... un bébé met des semaines pour apprendre à marcher, puis peu à peu, il se met à le faire automatiquement, sans effort apparent ... or ceci est valable pour tout le reste ... conduite une voiture, lire, écrire, baiser ... tout peu être fait sans effort de la conscience, à condition de le pratiquer suffisamment longtemps pour qu'il soit pris en charge par le "pilote automatique"... Mais comme le souligne Wilson, le robot humain est plus efficace que celui de n'importe quel animal. Et c'est cette efficacité qui cause notre perte, car elle engendre paresse et dépendance. Pire, elle engendre l'ennui ... et vous savez que l'ennui répétitif produit frustration et surtout dépression, donc perte de l'image de soi, fluctuation chaotique des contours de la personnalité, à la recherche de stimuli extérieurs ... c'est la "loi de frustration" qui veut que plus la frustration dure et plus les besoins qu'elle provoque sont exigeants..."


    "Les racines du mal" Maurice G. Dantec *

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  • Le grillon :
    Attention
    Un amérindien et son ami, en visite au centre ville de New York, marchaient près de Times Square dans Manhattan. C'était durant l'heure du lunch et les rues étaient bondées de monde. Les autos klaxonnaient de plus belle, les autos taxi faisaient crisser leurs pneus sur les coins de rue, les sirènes hurlaient et les bruits de la ville rendaient presque sourd. Soudain, l'amérindien dit, "j'entends un grillon."

    Son ami répondit, "Quoi? Tu dois être fou. Tu ne pourrais jamais entendre un grillon au milieu de tout ce vacarme!"

    "Non, j'en suis sûr," dit l'amérindien, "j'entends un grillon."

    "C'est fou," dit l'ami.

    L'amérindien écouta attentivement pendant un moment, puis traversa la rue jusqu'à un gros planteur en ciment où poussaient quelques arbustes. Il regarda à l'intérieur des arbustes, sous les branches et avec assurance il localisa un petit grillon. Son ami était complètement stupéfait.

    "C'est incroyable," dit son ami. "Tu dois avoir des oreilles super-humaines !"

    "Non," répondit l'amérindien. "Mes oreilles ne sont pas différentes des tiennes. Tout ça dépend de ce que tu cherches à entendre."

    "Mais ça ne se peut pas !" dit l'ami. "Je ne pourrais jamais entendre un grillon dans ce bruit."

    "Oui, c'est vrai," répliqua l'amérindien. "Ça dépend de ce qui est vraiment important pour toi. Tiens, laisse-moi te le démontrer."

    Il fouilla dans sa poche, en retira quelques sous et discrètement les jeta sur le trottoir. Et alors, malgré le bruit de la rue bondée de monde retentissant encore dans leurs oreilles, ils remarquèrent que toutes les têtes, jusqu'à une distance de sept mètres d'eux, se tournaient et regardaient pour voir si la monnaie qui tintait sur le pavement était la leur.

    "Tu vois ce que je veux dire?" demanda l'amérindien. "Tout ça dépend de ce qui est important pour toi."

    Auteur inconnu

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  • Le Mal semble saisissable, mais c'est dans la mesure où le Bien en est la clé. Si l'intensité lumineuse du Bien ne donnait sa noirceur à la nuit du Mal, le Mal n'aurait plus son attrait. Cette vérité est difficile. Quelque chose se cabre en celui qui l'entend. Nous savons cependant que les atteintes les plus fortes de la sensibilité découlent de contrastes. Dans son mouvement, la vie sensuelle est fondée sur la peur que le mâle inspire à la femelle, et sur le brutal déchirement qu'est la pariade (c'est moins une harmonie qu'une violence, qui peut-être aboutit à l'harmonie, mais par excès). En premier, il est nécessaire de briser, l'union se trouve à l'issue de combats dont la mort est l'enjeu. Sous quelque forme, un aspect déchirant de l'amour ressort de ses avatars multiples. Si l'amour est parfois rose, le rose s'accorde avec le noir, sans lequel il serait le signe de l'insipide. Sans le noir, le rose aurait-il la valeur qui atteint la sensibilité? Sans le malheur à lui lié comme l'ombre à la lumière, une prompte indifférence répondrait au bonheur. C'est si vrai que les romans décrivent indéfiniment la souffrance, à peu près jamais la satisfaction. A la fin, la vertu du bonheur est faite de sa rareté. Facile, il serait dédaigné, associé à l'ennui. La transgression de la règle a seul l'irrésistible attrait qui manque à la félicité durable.

    Si, pour suggérer le désir, la couleur rose a besoin d'un contraste noir, ce noir serait-il assez noir si nous n'avions d'abord eu soif de pureté? s'il n'avait terni malgré nous notre rêve?

    Les méchants ne connaissent du Mal que le bénéfice matériel. S'ils cherchent le mal d'autrui, ce mal n'est à la fin que leur bien égoïste. Nous ne sortons de l'imbroglio où le Mal se dissimule qu'apercevant le lien des contraires, qui ne peuvent se passer l'un de l'autre...

    ...le bonheur seul n'est pas en lui-même désirable, et que l'ennui en découlerait si l'épreuve du malheur, ou du Mal, ne nous en donnait pas l'avidité. La réciproque est vrai: si nous n'avions l'avidité du Bien, le Mal nous proposerait une suite de sensations indifférentes.

    G.B.

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  • A Paris, tout est contaminé: l'air, les rues, les maisons, les objets, le bruit, la nature et l'artifice. Tout est abject: le journalisme, la littérature, le théâtre, l'édition, le commerce, la banque, la haute société, la bourgeoise et le peuple.

    "Une imprudence pouvait enflammer en un quart d'heure cette république de planches desséchées par le soleil et comme enflammées déjà par la prostitution, encombrées de gaze, de mousseline, de papier, quelquefois ventilées par des courants d'air...C'était horrible et gai. La chair éclatante des épaules et des gorges étincelait au milieu des vêtements d'homme presque toujours sombres, et produisait les plus magnifiques oppositions. Le brouhaha des voix et le bruit de la promenade formaient un murmure qui s'entendait dès le milieu du jardin, comme une basse continue brodée des éclats de rire des filles ou des cris de quelque rare dispute. Les personnes comme il faut, les hommes les plus marquants y étaient coudoyés par des gens à figure patibulaire. Ces monstrueux assemblages avaient je ne sais quoi de piquant, les hommes les plus insensibles étaient émus."

    "Illusions perdues"

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