•  

    Toutes les Bibles ou codes sacrés ont été causes des Erreurs suivantes :
    1. Que l’homme a deux principes réels d’existence, à savoir, un Corps et une Ame.
    2. Que l’Energie, appelée le Mal, n’émane que du Corps, et que la Raison, appelée le Bien, n’émane que de l’âme.
    3. Que Dieu tourmentera l’Homme de toute Eternité pour avoir suivi ses propres Energies.
    Mais c’est le contraire de ces affirmations qui est Vrai :
    1. L’Homme n’a pas un Corps différent de son Ame. Ce qu’on nomme Corps est une partie de l’Ame que perçoivent les cinq sens, principaux accès de l’Ame en cette époque.
    2. L’Energie est la seule vie et elle vient du corps. La Raison n’est que limite et circonférence extérieure de l’Energie.
    3. L’Energie est Délice Eternel.

    Le Mariage du Ciel et de l'Enfer ; Le Livre de Thel ; L'Évangile Éternel
    William Blake (*)

    Partager via Gmail

    2 commentaires
  • Méchante:
    Attention

     

    "Moi, je suis méchante: ça veut dire que j'ai besoin de la souffrance des autres pour exister. Une torche. Une torche dans les coeurs. Quand je suis toute seule, je m'éteins."

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • La croyance dans la possibilité de relations sexuelles entre un esprit et un mortel, homme ou femme, est très ancienne et présente sur la Terre entière. Dans la mythologie grecque, le fruit d’une telle union étrange était un demi-dieu. Avec l’arrivée du christianisme, ces choses ont pris un aspect plus sombre. Les incubes et les succubes ont été considérées comme démoniaques.


    Le mot « incube » vient du latin et désigne « ce qui se couche dessus ». La « succube » est celle qui se couche dessous. L’incube est regardé comme le démon qui débauche les femmes, la succube débauche les hommes.

    Les érudits de l’église ont beaucoup débattu de la nature des incubes et des succubes et du péché commis à leur contact. Certains ont déclaré qu’il s’agissait du même démon, asexué à la base, car inhumain, qui pouvait devenir incube pour coucher avec une femme et devenir succube pour coucher avec un homme.

    Ils pensaient aussi que le diable pouvait ainsi recevoir, sous forme de succube, la semence d’un homme souvent pendant son sommeil, et ensuite, sous forme d’incube, la transmettre à une femme et ainsi lui faire concevoir un enfant.

    D’autres érudits de l’église croyaient que les démons pouvaient avoir des enfants, et qu’ils l’avaient fait, c’est ainsi que l’Antéchrist fut conçu par un démon et une sorcière. On a retrouvé ce thème de nos jours dans Rosemary’s Baby, le livre et le film.

    Incube et Succube

     

    L’idée du démon-amant apparaît chez de nombreux auteurs, l’un d’entre eux, Jori-Karl Huysmans et un de ceux qui en parle le mieux dans son excellent livre « La-Bas ». Huysmans nous donne dans ce livre une image du Satanisme comme il était pratiqué dans le Paris des années 1890, beaucoup de ce qui est décrit dans ce livre est basé sur des faits.
    Durtal, le héros du livre est l’amant d’une femme marié, madame Chantelouve, qui est secrètement sataniste. Elle se vante devant lui de posséder certains pouvoirs. Si elle désire un homme, elle n’a qu’à penser fixement à lui avant de se coucher, ensuite elle pourra le rejoindre en rêve sous la forme qu’elle choisira. Ce pouvoir dit elle à Durtal horrifié lui a été donné par le maître Sataniste, un prêtre défroqué nommé Canon Docre. Plus tard elle emmène Durtal à une messe noire conduite par Canon Docre, mais rendu malade par ce à qui il assiste, Durtal rompt tout lien avec madame Chantelouce et son influence démoniaque.

    Ces relations avec un incube sont particulièrement intéressante car elles rappellent d’autres beaucoup plus anciennes dont Huysmans n’a peut être pas eu écho, car provenant d’Angleterre.

    Dans le vieux texte de Thomas Middleton « The Witch », dont Shakespeare a tiré le chant « Black Spirits » pour Macbeth, une des sorcières dit :

    "What young man can we wish to pleasure us,
    But we enjoy him in an Incubus ?"

    Une grande partie de savoir de Middleton en matière de sorcellerie est tirée du livre de Reginald Scot « Discoverie of Witchcraft » dans lequel Scot décrit les effets de l’onguent des sorcières de Giovanni Battista Porta : « Dans la nuit, éclairé par la lune, Elles semblent voler dans les airs, s’amuser, s’embrasser et avoir des relations avec ceux qu’elles aiment et désirent le plus ».

    Il n’est pas fait mention d’onguent des sorcières dans « la-Bas » de Huysmans, mais la possibilité de tels expérience via l’autosuggestion s’imagine sans mal. Si l’on considère les expérience sexuelles sous l’effet de drogues hallucinogènes, il y a des sorcières mexicaines qui utilisent un onguent nommé toloachi. Elles disent qu’une femme qui l’utilise n’a pas besoin d’homme. Sa composition est secrète, mais un de ses ingrédient principal est la Datura Tatula, une plante proche de la Datura commune.
    Ce genre particulier d’hallucinations ou d’expérience rêvées me semble être la base réelle de toutes ces histoires d’incubes et de succubes, sans qu’il y ait le moindre lien avec les démons et les diables.

    Cela surprendra le lecteur d’apprendre que le phénomène des incube et des succube est toujours d’actualité, un amis occultiste, m’a relaté une expérience de ce genre qui lui a été soumise.

    Un couple marié lui a demandé de les aider à chasser un esprit de la ferme où ils vivaient. Il n’est pas possible de donner trop de détails pour plusieurs raisons, mais mon ami s’est rendu chez eux et a essayé sincèrement de leur apporter son aide. Le phénomène arrivait de temps à autre, et le mari avait déjà demandé à des médiums et des spirites de l’aider mais sans succès. Sa jeune et belle femme semblait attirer le phénomène, et mon ami est arrivé à la conclusion qu’un esprit lié à la terre était obsédé par elle.

    Cet esprit a eu l’occasion de prendre possession de la femme et de s’exprimer par sa bouche, il a donné des détails sur sa vie sur terre et a mis mon ami au défi de le chasser.

    Et en effet, mon ami n’arrivait à faire aucun progrès, car il n’arrivait pas à obtenir la collaboration de la femme qui trouvait toujours une autre excuse pour ne pas suivre ses directives.

    En l’absence de son époux il lui a parlé, et elle a admit ne pas vouloir se débarrasser de l’entité, car, dit-elle, elle venait comme un amant et lui donnait un plaisir sexuel qu’aucun homme ne lui avait jamais donné.
    Mon amis fut choqué et dégoûté par les détails confessés par la femme. Il n’en dit rien à l’époux, à part qu’il ne pouvait rien faire de plus que d’abandonner l’affaire. Lorsqu’il m’a donné les détails de l’histoire on voyait qu’il était traumatisé, et il m’a dit que sa santé avait pâti de ce qu’il avait vu et entendu. Et il à mis quelque temps encore à se rétablir complètement.

    Une telle histoire entraîne différentes questions, occultes et psychologiques. Des psychiatres ont rencontré ce genre de phénomènes, parfois associées à des cas de supposés vampirismes.

    Des relations sexuelles avec le diable, ou avec un amant-démon, étaient souvent « confessés » par les sorcières d’après ce qu’on lit dans les minutes des anciens procès en sorcellerie. Un grand nombre de ces confessions étaient tout simplement arrachée sous la torture.
    Mais la confession de la sorcière écossaise Isobel Gowdie fut volontaire, elle s’est dénoncée, et fut pendue. Ses motifs pour agir de la sorte ne sont pas connus, mais sa confession est très détaillée et décrit une relation sexuelle avec le Diable. Elle dit qu’il était dur et froid.

    Ce détail du diable froid est souvent trouvé dans les confession des sorcières à différents époques et endroits. Par exemple en 1616 Sylvanie de la Plaine, une sorcière du pays de La Bourde a dit que le membre du Diable était comme celui d’un étalon, et lorsqu’il pénétrait, il était froid comme de la glace tout comme son sperme, et lorsqu’il ressortait il brûlait comme s’il était de feu.

    Cette description est conforme à celles faites un grand nombre de fois dans toute l’Europe, et les détails du pénis et du sperme glacé du Diable ont intrigué de nombreux auteurs contemporains. Margaret Murray croyait que cela pouvait s’expliquait si le Diable était un homme en habit rituel, portant un masque cornu, un costume de peau qui couvrait entièrement son corps et doté d’un phallus artificiel.

    Cette explication, est la clef de bien des histoires de copulation avec le Diable. Le « Diable » d’un coven était un homme jouant le rôle du Dieu cornu. Avoir un rapport avec lui était un rite religieux, voilà pourquoi un phallus artificiel était utilisé. Le Grand Dieu Pan était toujours apte, il n’était pas sujet aux défaillance humaine. Le Frisson qu’un femme pouvait ressentir lorsque le phallus froid la pénétrait, était suffisant pour provoquait l’illusion d’un sperme glacé.

    Dans de nombreuses descriptions de relations sexuelles entre incube ou succube avec un humain on insiste souvent sur le plaisir intense que cela procure. Après 1470, il n’en est plus question, on ne » parle plus que d’horrible et dégoûtante histoires. Dans les description du sabbat des sorcières, les autorités ont réalisé que cela ne devait pas faire envie. Les supposées sorcières devaient sous la torture admettre toutes les horreurs qui sortaient de l’imaginations de ces célibataires frustrés et sadiques.
    Les auteurs du « Malleus Maleficarum » sont particulièrement intéressés par le détail des relations sexuelles avec les démons. Ce livre publié pour la première fois vers 1486, fut le premier manuel officiel de persécution des sorcières. On y trouve une description désagréable de copulation entre une femme et un incube et on peut y voir la possibilité que l’autosuggestion soit responsable de ces « rapports ». Ils disent que dans tous les cas qu’ils connaissent, la sorcière a vu le diable. « Mais selon certains, les sorcières ont souvent été vues couchées nues sur le dos dans les bois ou les champs dans une position permettant la copulation et l’orgasme, en observant leurs mouvement il était évidant qu’elles copulaient avec une incube démoniaque invisible, si ce n’est, en de rares cas, une vapeur noires de la taille d’un homme qui montait dans le ciel à la fin de l’acte ».

    Dans l’atmosphère moyenâgeuse où les relations sexuelles équivalaient au péché on ne pouvait comprendre ces scènes que par l’intervention d’un démon, celui qui était dans l’esprit de la femme et du témoin.
    Des descriptions de relation entre un homme et une succube sont moins fréquentes. Lorsqu’on en trouve, elles sont de l’ordre des histoires d’incubes. La succube prend la forme d’une femme très belle, mais son vagin est glacé et parfois son amant constate que ses jambes se terminent par des sabots. Là encore les plus anciennes histoires parlent de démones magnifiques et passionnées qui apparaissent aux prêtres et aux ermites pour les tenter, et elles y parviennent souvent. Le pape Sylvestre II (999-1003) est un Pape qui est dit avoir été secrètement sorcier et la légende raconte qu’il avait des relation avec une succube nommée Meridiana qui était son esprit familier.

    Le corps glacé des succubes doit provenir des description faites des incubes, car la majorité des histoires de succubes parlent d’être diaboliquement séduisante prenant la forme de courtisane ou de prostituée pour séduire les hommes. L’origine de beaucoup de ces histoires semble venir de rêves érotiques qu’ont les hommes. La plupart de ces rêves sont agréables, mais si l’on se sent coupable et si la peur du péché intervient, les phantasmes deviennent sombres et le rêveur passe dans le monde du cauchemar.

     

     



    Source: Les portes du Sidh

    Tiré de "An ABC of Witchcraft Past and Present" (c) Par Doreen Valiente, traduction et adaptation

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Antonin Artaud - Aliénation et Magie noire - 1946 :

    "Aliénation et Magie noire" est un acte d'accusation grave de la pratique répressive de l'internement et des traitement par l'électrochoc et l'insulino-thérapie.

    Concept de la mort lente, "la mort en couveuse" élaborée par Antonin Artaud et d'après lui servant à vider de leur "Moi" les patients subissant ces traitements.

    Document audio enregistrée en 1946 par Antonin Artaud, pour une émission de radio après sa sortie de l'asile de Rodez où il subit 51 électrochocs dispensés par Gaston Ferdière, médecin chef du service psychiatrique de l'asile de Rodez où a été interné Artaud de 1943 à 1946.

    Document Audio modifié pour tenter de retrouver la véritable voix d'Antonin Artaud, déformée par les techniques de l'époque, c'est du moins comme cela que j'imagine la voix d'Artaud ... !


    "Les asiles d'aliénés sont des receptacles de magie noire, conscients et prémédités. Et ce n'est pas seulement que les médecins favorisent la magie par leur thérapeutique qu'ils raffinent, c'est qu'ils en font. S'il n'y avait pas de médecins, il n'y aurait pas de malades, car c'est par les médecins, et non par les malades, que la société a commencé.

    Ceux qui vivent, vivent des morts, et il faut aussi que la mort vive... Il n'y a rien comme un asile d'aliénés pour couver doucement la mort, et tenir en couveuse les morts. Cela a commencé 4000 ans avant J.C., cette technique thérapeutique de la mort longue. Et la médecine moderne, complice en cela de la plus sinistre et crapuleuse magie, passe ces morts à l'électrochoc ou à l'insulinothérapie, afin de bien, chaque jour, vider ces haras d'hommes de leur moi, et de les présenter, ainsi vides, ainsi fantastiquement disponibles et vides, aux obscènes sollicitations anatomiques et atomiques de l'état appelé «bardo». Livraison du barda de vivre aux exigences du non-moi.

    Le Bardo est l'astre de mort par lequel le moi tombe en flasque, et il y a, dans l'électrochoc, un état flasque, par lequel passe tout traumatisé. Ce qui lui donne non plus à cet instant de connaître, mais affreusement et désespérément méconnaître ce qu'il fut quand il était soi. J'y suis passé et ne l'oublierai pas... "

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • L'Amour est plus fort que la Mort, a dit Salomon : oui, son mystérieux pouvoir est illimité.
    C'était à la tombée d'un soir d'automne, en ces dernières années, à Paris. Vers le sombre faubourg Saint-Germain, des voitures, allumées déjà, roulaient, attardées, après l'heure du Bois. L'une d'elles s'arrêta devant le portail d'un vaste hôtel seigneurial, entouré de jardins séculaires ; le cintre était surmonté de l'écusson de pierre, aux armes de l'antique famille des comtes d'Athol, savoir : d'azur, à l'étoile abîmée d'argent, avec la devise « PALLIDA VICTRIX », sous la couronne retroussée d'hermine au bonnet princier.
    Les lourds battants s'écartèrent. Un homme de trente à trente-cinq ans, en deuil, au visage mortellement pâle, descendit. Sur le perron, de taciturnes serviteurs élevaient des flambeaux. Sans les voir, il gravit les marches et entra. C'était le comte d'Athol.
    Chancelant, il monta les blancs escaliers qui conduisaient à cette chambre où, le matin même, il avait couché dans un cercueil de velours et enveloppé de violettes, en des flots de batiste, sa dame de volupté, sa pâlissante épousée, Véra, son désespoir.
    En haut, la douce porte tourna sur le tapis ; il souleva la tenture.
    Tous les objets étaient à la place où la comtesse les avait laissés la veille. La Mort, subite, avait foudroyé. La nuit dernière, sa bien-aimée s'était évanouie en des joies si profondes, s'était perdue en de si exquises étreintes, que son coeur, brisé de délices, avait défailli : ses lèvres s'étaient brusquement mouillées d'une pourpre mortelle. A peine avait-elle eu le temps de donner à son époux un baiser d'adieu, en souriant, sans une parole : puis ses longs cils, comme des voiles de deuil, s'étaient abaissés sur la belle nuit de ses yeux.
    La journée sans nom était passée.
    Vers midi, le comte d'Athol, après l'affreuse cérémonie du caveau familial, avait congédié au cimetière la noire escorte. Puis, se renfermant, seul, avec l'ensevelie, entre les quatre murs de marbre, il avait tiré sur lui la porte de fer du mausolée. -- De l'encens brûlait sur un trépied, devant le cercueil ; -- une couronne lumineuse de lampes, au chevet de la jeune défunte, l'étoilait.
    Lui, debout, songeur, avec l'unique sentiment d'une tendresse sans espérance, était demeuré là, tout le jour. Sur les six heures, au crépuscule, il était sorti du lieu sacré. En refermant le sépulcre, il avait arraché de la serrure la clef d'argent, et, se haussant sur la dernière marche du seuil, il l'avait jetée doucement dans l'intérieur du tombeau. Il l'avait lancée sur les dalles intérieures par le trèfle qui surmontait le portail. -- Pourquoi ceci ?... A coup sûr d'après quelque résolution mystérieuse de ne plus revenir.
    Et maintenant il revoyait la chambre veuve.
    La croisée, sous les vastes draperies de cachemire mauve broché d'or, était ouverte : un dernier rayon du soir illuminait, dans un cadre de bois ancien, le grand portrait de la trépassée. Le comte regarda, autour de lui, la robe jetée, la veille, sur un fauteuil ; sur la cheminée, les bijoux, le collier de perles, l'éventail à demi fermé, les lourds flacons de parfums qu' Elle ne respirerait plus. Sur le lit d'ébène aux colonnes tordues, resté défait, auprès de l'oreiller où la place de la tête adorée et divine était visible encore au milieu des dentelles, il aperçut le mouchoir rougi de gouttes de sang où sa jeune âme avait battu de l'aile un instant ; le piano ouvert, supportant une mélodie inachevée à jamais ; les fleurs indiennes cueillies par elle, dans la serre, et qui se mouraient dans de vieux vases de Saxe ; et, au pied du lit, sur une fourrure noire, les petites mules de velours oriental, sur lesquelles une devise rieuse de Véra brillait, brodée en perles : Qui verra Véra l'aimera . Les pieds nus de la bien-aimée y jouaient hier matin, baisés, à chaque pas, par le duvet des cygnes ! -- Et là, là, dans l'ombre, la pendule, dont il avait brisé le ressort pour qu'elle ne sonnât plus d'autres heures.
    Ainsi elle était partie !... Où donc !... Vivre maintenant ? -- Pour quoi faire ?... C'était impossible, absurde.
    Et le comte s'abîmait en des pensées inconnues.
    Il songeait à toute l'existence passée. -- Six mois s'étaient écoulés depuis ce mariage. N'était-ce pas à l'étranger, au bal d'une ambassade qu'il l'avait vue pour la première fois ?... Oui. Cet instant ressuscitait devant ses yeux, très distinct. Elle lui apparaissait là, radieuse. Ce soir-là, leurs regards s'étaient rencontrés. Ils s'étaient reconnus, intimement, de pareille nature, et devant s'aimer à jamais.
    Les propos décevants, les sourires qui observent, les insinuations, toutes les difficultés que suscite le monde pour retarder l'inévitable félicité de ceux qui s'appartiennent, s'étaient évanouis devant la tranquille certitude qu'ils eurent, à l'instant même, l'un de l'autre.
    Véra, lassée des fadeurs cérémonieuses de son entourage, était venue vers lui dès la première circonstance contrariante, simplifiant ainsi, d'auguste façon, les démarches banales où se perd le temps précieux de la vie.
    Oh ! comme, aux premières paroles, les vaines appréciations des indifférents à leur égard leur semblèrent une volée d'oiseaux de nuit rentrant dans les ténèbres ! Quel sourire ils échangèrent ! Quel ineffable embrassement !
    Cependant leur nature était des plus étranges, en vérité ! -- C'étaient deux êtres doués de sens merveilleux, mais exclusivement terrestres. Les sensations se prolongeaient en eux avec une intensité inquiétante. Ils s'y oubliaient eux-mêmes à force de les éprouver. Par contre, certaines idées, celles de l'âme, par exemple, de l'Infini, de Dieu même , étaient comme voilées à leur entendement. La foi d'un grand nombre de vivants aux choses surnaturelles n'était pour eux qu'un sujet de vagues étonnements : lettre close dont ils ne se préoccupaient pas, n'ayant pas qualité pour condamner ou justifier. -- Aussi, reconnaissant bien que le monde leur était étranger, ils s'étaient isolés, aussitôt leur union, dans ce vieux et sombre hôtel, où l'épaisseur des jardins amortissait les bruits du dehors.

    Là, les deux amants s'ensevelirent dans l'océan de ces joies languides et perverses où l'esprit se mêle à la chair mystérieuse ! Ils épuisèrent la violence des désirs, les frémissements et les tendresses éperdues. Ils devinrent le battement de l'être l'un de l'autre. En eux, l'esprit pénétrait si bien le corps, que leurs formes leur semblaient intellectuelles, et que les baisers, mailles brûlantes, les enchaînaient dans une fusion idéale. Long éblouissement ! Tout à coup, le charme se rompait ; l'accident terrible les désunissait ; leurs bras s'étaient désenlacés. Quelle ombre lui avait pris sa chère morte ? Morte ! non. Est-ce que l'âme des violoncelles est emportée dans le cri d'une corde qui se brise ?
    Les heures passèrent.
    Il regardait, par la croisée, la nuit qui s'avançait dans les cieux : et la Nuit lui apparaissait personnelle ; elle lui semblait une reine marchant, avec mélancolie, -- dans l'exil, et l'agrafe de diamant de sa tunique de deuil, Vénus, seule, brillait, au-dessus des arbres, perdue au fond de l'azur.
    -- C'est Véra, pensa-t-il.
    A ce nom, prononcé tout bas, il tressaillit en homme qui s'éveille ; puis, se dressant, regarda autour de lui.
    Les objets, dans la chambre, étaient maintenant éclairés par une lueur jusqu'alors imprécise, celle d'une veilleuse, bleuissant les ténèbres, et que la nuit, montée au firmament, faisait apparaître ici comme une autre étoile. C'était la veilleuse, aux senteurs d'encens, d'un iconostase, reliquaire familial de Véra. Le triptyque, d'un vieux bois précieux, était suspendu, par sa sparterie russe, entre la glace et le tableau. Un reflet des ors de l'intérieur tombait, vacillant, sur le collier, parmi les joyaux de la cheminée. Le plein-nimbe de la Madone en habits de ciel brillait, rosacé de la croix byzantine dont les fins et rouges linéaments, fondus dans le reflet, ombraient d'une teinte de sang l'orient ainsi allumé des perles. Depuis l'enfance, Véra plaignait, de ses grands yeux, le visage maternel et si pur de l'héréditaire madone, et, de sa nature, hélas ! ne pouvant lui consacrer qu'un superstitieux amour, le lui offrait parfois, naïve, pensivement, lorsqu'elle passait devant la veilleuse.
    Le comte, à cette vue, touché de rappels douloureux jusqu'au plus secret de l'âme, se dressa, souffla vite la lueur sainte, et, à tâtons, dans l'ombre, étendant la main vers une torsade, sonna.
    Un serviteur parut : c'était un vieillard vêtu de noir ; il tenait une lampe, qu'il posa devant le portrait de la comtesse. Lorsqu'il se retourna, ce fut avec un frisson de superstitieuse terreur qu'il vit son maître debout et souriant comme si rien ne se fût passé.
    -- Raymond, dit tranquillement le comte, ce soir, nous sommes accablés de fatigue, la comtesse et moi ; tu serviras le souper vers dix heures. -- A propos, nous avons résolu de nous isoler davantage, ici, dès demain. Aucun de mes serviteurs, hors toi, ne doit passer la nuit dans l'hôtel. Tu leur remettras les gages de trois années, et qu'ils se retirent. -- Puis, tu fermeras la barre du portail ; tu allumeras les flambeaux en bas, dans la salle à manger ; tu nous suffiras. -- Nous ne recevrons personne à l'avenir.
    Le vieillard tremblait et le regardait attentivement.
    Le comte alluma un cigare et descendit aux jardins.
    Le serviteur pensa d'abord que la douleur trop lourde, trop désespérée, avait égaré l'esprit de son maître. Il le connaissait depuis l'enfance ; il comprit, à l'instant, que le heurt d'un réveil trop soudain pouvait être fatal à ce somnambule. Son devoir, d'abord, était le respect d'un tel secret.
    Il baissa la tête. Une complicité dévouée à ce religieux rêve ? Obéir ?... Continuer de les servir sans tenir compte de la Mort ? -- Quelle étrange idée !... Tiendrait-elle une nuit ?... Demain, demain, hélas !... Ah ! Qui savait ?... Peut-être !... -- Projet sacré, après tout ! -- De quel droit réfléchissait-il ?...
    Il sortit de la chambre, exécuta les ordres à la lettre et, le soir même, l'insolite existence commença.
    Il s'agissait de créer un mirage terrible.
    La gêne des premiers jours s'effaça vite. Raymond, d'abord avec stupeur, puis par une sorte de déférence et de tendresse, s'était ingénié si bien à être naturel, que trois semaines ne s'étaient pas écoulées qu'il se sentit, par moments, presque dupe lui-même de sa bonne volonté. L'arrière-pensée pâlissait ! Parfois, éprouvant une sorte de vertige, il eut besoin de se dire que la comtesse était positivement défunte. Il se prenait à ce jeu funèbre et oubliait à chaque instant la réalité. Bientôt il lui fallut plus d'une réflexion pour se convaincre et se ressaisir. Il vit bien qu'il finirait par s'abandonner tout entier au magnétisme effrayant autour d'eux. Il avait peur, une peur indécise, douce.
    D'Athol, en effet, vivait absolument dans l'inconscience de la mort de sa bien-aimée ! Il ne pouvait que la trouver toujours présente, tant la forme de la jeune femme était mêlée à la sienne. Tantôt, sur un banc de jardin, les jours de soleil, il lisait, à haute voix, les poésies qu'elle aimait ; tantôt, le soir, auprès du feu, les deux tasses de thé sur un guéridon, il causait avec l' Illusion souriante, assise, à ses yeux, sur l'autre fauteuil.
    Les jours, les nuits, les semaines s'envolèrent. Ni l'un ni l'autre ne savait ce qu'ils accomplissaient. Et des phénomènes singuliers se passaient maintenant, où il devenait difficile de distinguer le point où l'imaginaire et le réel étaient identiques. Une présence flottait dans l'air : une forme s'efforçait de transparaître, de se tramer sur l'espace devenu indéfinissable.
    D'Athol vivait double, en illuminé. Un visage doux et pâle, entrevu comme l'éclair, entre deux clins d'yeux ; un faible accord frappé au piano, tout à coup ; un baiser qui lui fermait la bouche au moment où il allait frapper, des affinités de pensées féminines qui s'éveillaient en lui en réponse à ce qu'il disait, un dédoublement de lui-même tel, qu'il sentait, comme en un brouillard fluide, le parfum vertigineusement doux de sa bien-aimée auprès de lui, et, la nuit, entre la veille et le sommeil, des paroles entendues très bas : tout l'avertissait. C'était une négation de la Mort élevée, enfin, à une puissance inconnue !
    Une fois, d'Athol la sentit et la vit si bien auprès de lui, qu'il la prit dans ses bras : mais ce mouvement la dissipa.
    -- Enfant ! murmura-t-il en souriant.
    Et il se rendormit comme un amant boudé par sa maîtresse rieuse et ensommeillée.
    Le jour de sa fête, il plaça, par plaisanterie, une immortelle dans le bouquet qu'il jeta sur l'oreiller de Véra.
    -- Puisqu'elle se croit morte, dit-il.
    Grâce à la profonde et toute-puissante volonté de M. d'Athol, qui, à force d'amour, forgeait la vie et la présence de sa femme dans l'hôtel solitaire, cette existence avait fini par devenir d'un charme sombre et persuadeur. -- Raymond, lui-même, n'éprouvait plus aucune épouvante, s'étant graduellement habitué à ces impressions.
    Une robe de velours noir aperçue au détour d'une allée ; une voix rieuse qui l'appelait dans le salon ; un coup de sonnette le matin, à son réveil, comme autrefois ; tout cela lui était devenu familier : on eût dit que la morte jouait à l'invisible, comme une enfant. Elle se sentait aimée tellement !
    C'était bien naturel .
    Une année s'était écoulée.
    Le soir de l'Anniversaire, le comte, assis auprès du feu, dans la chambre de Véra, venait de lui lire un fabliau florentin : Callimaque . Il ferma le livre ; puis en se servant du thé :
    -- Douschka , dit-il, te souviens-tu de la Vallée-des-Roses, des bords de la Lahn, du château des Quatre-Tours ?... Cette histoire te les a rappelés, n'est-ce pas ?
    Il se leva, et, dans la glace bleuâtre, il se vit plus pâle qu'à l'ordinaire. Il prit un bracelet de perles dans une coupe et regarda les perles attentivement. Véra ne les avait-elle pas ôtées de son bras, tout à l'heure, avant de se dévêtir ? Les perles étaient encore tièdes et leur orient plus adouci, comme par la chaleur de sa chair. Et l'opale de ce collier sibérien, qui aimait aussi le beau sein de Véra jusqu'à pâlir, maladivement, dans son treillis d'or, lorsque la jeune femme l'oubliait pendant quelque temps ! Autrefois, la comtesse aimait pour cela cette pierrerie fidèle !... Ce soir l'opale brillait comme si elle venait d'être quittée et comme si le magnétisme exquis de la belle morte la pénétrait encore. En reposant le collier et la pierre précieuse, le comte toucha par hasard le mouchoir de batiste dont les gouttes de sang étaient humides et rouges comme des oeillets sur de la neige !... Là, sur le piano, qui donc avait tourné la page finale de la mélodie d'autrefois ? Quoi ! la veilleuse sacrée s'était rallumée, dans le reliquaire ! Oui, sa flamme dorée éclairait mystiquement le visage, aux yeux fermés, de la Madone ! Et ces fleurs orientales, nouvellement cueillies, qui s'épanouissaient là, dans les vieux vases de Saxe, quelle main venait de les y placer ? La chambre semblait joyeuse et douée de vie, d'une façon plus significative et plus intense que d'habitude. Mais rien ne pouvait surprendre le comte ! Cela lui semblait tellement normal, qu'il ne fit même pas attention que l'heure sonnait à cette pendule arrêtée depuis une année.
    Ce soir-là, cependant, on eût dit que, du fond des ténèbres, la comtesse Véra s'efforçait adorablement de revenir dans cette chambre tout embaumée d'elle ! Elle y avait laissé tant de sa personne ! Tout ce qui avait constitué son existence l'y attirait. Son charme y flottait ; les longues violences faites par la volonté passionnée de son époux y devaient avoir desserré les vagues liens de l'Invisible autour d'elle !...
    Elle y était nécessitée . Tout ce qu'elle aimait, c'était là.
    Elle devait avoir envie de venir se sourire encore en cette glace mystérieuse où elle avait tant de fois admiré son lilial visage ! La douce morte, là-bas, avait tressailli, certes, dans ses violettes, sous les lampes éteintes ; la divine morte avait frémi, dans le caveau, toute seule, en regardant la clef d'argent jetée sur les dalles. Elle voulait s'en venir vers lui, aussi ! Et sa volonté se perdait dans l'idée de l'encens et de l'isolement. La Mort n'est une circonstance définitive que pour ceux qui espèrent des cieux ; mais la Mort, et les Cieux, et la Vie, pour elle, n'était-ce pas leur embrassement ? Et le baiser solitaire de son époux attirait ses lèvres, dans l'ombre. Et le son passé des mélodies, les paroles enivrées de jadis, les étoffes qui couvraient son corps et en gardaient le parfum, ces pierreries magiques qui la voulaient , dans leur obscure sympathie, -- et surtout l'immense et absolue impression de sa présence, opinion partagée à la fin par les choses elles-mêmes, tout l'appelait là, l'attirait là depuis si longtemps, et si insensiblement, que, guérie enfin de la dormante Mort, il ne manquait plus qu' Elle seule !
    Ah ! les Idées sont des êtres vivants !... Le comte avait creusé dans l'air la forme de son amour, et il fallait bien que ce vide fût comblé par le seul être qui lui était homogène, autrement l'Univers aurait croulé. L'impression passa, en ce moment, définitive, simple, absolue, qu' Elle devait être là, dans la chambre ! Il en était aussi tranquillement certain que de sa propre existence, et toutes les choses, autour de lui, étaient saturées de cette conviction. On l'y voyait ! Et, comme il ne manquait plus que Véra elle-même , tangible, extérieure, il fallut bien qu'elle s'y trouvât et que le grand Songe de la Vie et de la Mort entr'ouvrît un moment ses portes infinies ! Le chemin de résurrection était envoyé par la foi jusqu'à elle ! Un frais éclat de rire musical éclaira de sa joie le lit nuptial ; le comte se retourna. Et là, devant ses yeux, faite de volonté et de souvenir, accoudée, fluide, sur l'oreiller de dentelles, sa main soutenant ses lourds cheveux noirs, sa bouche délicieusement entr'ouverte en un sourire tout emparadisé de voluptés, belle à en mourir, enfin ! la comtesse Véra le regardait un peu endormie encore.
    -- Roger !... dit-elle d'une voix lointaine.
    Il vint auprès d'elle. Leurs lèvres s'unirent dans une joie divine, --oublieuse, -- immortelle !
    Et ils s'aperçurent, alors , qu'ils n'étaient, réellement, qu' un seul être .
    Les heures effleurèrent d'un vol étranger cette extase où se mêlaient, pour la première fois, la terre et le ciel.
    Tout à coup, le comte d'Athol tressaillit, comme frappé d'une réminiscence fatale.
    -- Ah ! maintenant, je me rappelle !... dit-il. Qu'ai-je donc ? -- Mais tu es morte !
    A l'instant même, à cette parole la mystique veilleuse de l'iconostase s'éteignit. Le pâle petit jour du matin, -- d'un matin banal, grisâtre et pluvieux --, filtra dans la chambre par les interstices des rideaux. Les bougies blêmirent et s'éteignirent, laissant fumer âcrement leurs mèches rouges ; le feu disparut sous une couche de cendres tièdes ; les fleurs se fanèrent et se desséchèrent en quelques moments ; le balancier de la pendule reprit graduellement son immobilité. La certitude de tous les objets s'envola subitement. L'opale, morte, ne brillait plus ; les taches de sang s'étaient fanées aussi, sur la batiste, auprès d'elle ; et s'effaçant entre les bras désespérés qui voulaient en vain l'étreindre encore, l'ardente et blanche vision rentra dans l'air et s'y perdit. Un faible soupir d'adieu, distinct, lointain, parvint jusqu'à l'âme de Roger. Le comte se dressa ; il venait de s'apercevoir qu'il était seul. Son rêve venait de se dissoudre d'un seul coup ; il avait brisé le magnétique fil de sa trame radieuse avec une seule parole. L'atmosphère était, maintenant, celle des défunts.
    Comme ces larmes de verre, agrégées illogiquement, et cependant si solides qu'un coup de maillet sur leur partie épaisse ne les briserait pas, mais qui tombent en une subite et impalpable poussière si l'on en casse l'extrêmité plus fine que la pointe d'une aiguille, tout s'était évanoui.
    -- Oh ! murmura-t-il, c'est donc fini ! -- Perdue !... Toute seule ! -- Quelle est la route, maintenant, pour parvenir jusqu'à toi ? Indique-moi le chemin qui peut me conduire vers toi !... Soudain, comme une réponse, un objet brillant tomba du lit nuptial, sur la noire fourrure, avec un bruit métallique : un rayon de l'affreux jour terrestre l'éclaira !... L'abandonné se baissa, le saisit, et un sourire sublime illumina son visage en reconnaissant cet objet : c'était la clef du tombeau.

    Villier de l'Isle-Adam

    Partager via Gmail

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique