• Deux souliers

    Le petit Noël, au bout de sa tournée, s’arrêtait indécis devant deux souliers qui lui restaient à remplir.

    Et pourtant, rarement il hésite, car c’est son métier de semer à pleines mains le bonheur sur sa route, et le bienfaisant génie a pour cette tâche délicate les grâces d’état.

    Jamais, depuis qu’il avait  commencé sa carrière, depuis qu’il avait été chargé de rappeler au monde le glorieux anniversaire en répandant les trésors de la charité divine, jamais il ne s’était trouvé en pareille perplexité.

    C’est que pour un seul cadeau qui lui restait, il y avait encore deux souliers à combler.

    L’un était une merveille.

    La mule d’une sultane n’est pas plus précieuse, et Cendrillon en aurait avec plaisir chaussé son second pied.

    Il était fait de peluche brodée d’argent, et, sur le nœud de satin, nuancé comme une fleur, qui l’ornait, un papillon reposait dont les ailes  semblaient avoir gardé des reflets d’aurore.

    Cambré sur son fier talon, touchant à peine le sol du bout de sa pointe effilée, ce soulier ne semblait avoir emprisonné jamais que le pied d’une fée mignonne, qui l’aurait laissé tomber à terre en s’élançant vers son mystique royaume.

    Mais, ce qui surtout faisait ressortir la grâce exquise de l’adorable sandale et qui en même temps embrouillait complètement les idées de l’excellent petit Noël, c’était le contraste du voisinage.

    À côté de ce chef-d’œuvre d’élégance et de luxe, gisait, sur le tapis, le plus roturier des sabots.  

    Lourd, usé, crotté, il semblait durci au feu, après avoir été trempé aux bourbiers des rues.

    Pauvre petite ruine ! peut-être au demeurant était-elle plus à plaindre qu’à mépriser pour sa laideur…

    Comme il avait dû vaillamment patauger, trottiner et courir pour être ainsi sali et morfondu, le pauvre sabot ! Mais, que venait-il faire ici ? Et pour qui réclamait-il les faveurs du petit Noël ?

    Celui-ci voyait bien devant lui — sommeillant dans leurs lits respectifs — deux enfants, aussi dissemblables d’attitude et de nature que l’étaient le soulier merveille et le  grossier sabot ; mais cela ne tranchait pas son embarras.

    → suite

     

     

     


     

    « De l’Être-Humain mâle et femelle (5)Maria Callas - Ave Maria »
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  • Commentaires

    4
    Jeudi 25 Décembre 2014 à 20:41

    Oui, Eultreia, un peu long ... "alambiqué" c'est justement ce qui m'a plu yes

    3
    Jeudi 25 Décembre 2014 à 20:38

    Merci Faby happy

    Bises

    2
    eultreia
    Jeudi 25 Décembre 2014 à 18:57

    Un conte, peut-être un peu long et alambiqué. Mais l'intention est louable et charmante.

    1
    Jeudi 25 Décembre 2014 à 17:47

    belle histoire de noel et ce qui est derrière me plait, bises à toi

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