• Les yeux

    Les yeux attirent profondément vers la vie avec une naïveté inouïe.


    Mais les lèvres chuchotent ce qu'elles connaissent de la vie et que les yeux méconnaissent.

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  • Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
    Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;
    Terribles, singuliers comme les somnambules ;
    Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

    Leurs yeux, d’où la divine étincelle est partie,
    Comme s’ils regardaient au loin, restent levés
    Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés
    Pencher rêveusement leur tête appesantie.  


    Ils traversent ainsi le noir illimité,
    Ce frère du silence éternel. Ô cité !
    Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,

    Éprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,
    Vois ! je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,
    Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

    Charles Baudelaire
    Les Fleurs du mal (1861)
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  • Ce fut donc en face d'un magnifique été débordant cruellement dans la chambre mortuaire, qu'il vint, pour la dernière fois, contempler les traits de la défunte chérie. Il avait entendu dire dans la maison que ses traits n'avaient pas été altérés par la mort. Le front était bien le même, mais les paupières glacées, les lèvres pâles, les mains roidies le frappèrent horriblement ; et pendant qu'immobile il la regardait, un vent solennel s'éleva et se mit à souffler violemment, “ le vent le plus mélancolique, dit-il, que j'aie jamais entendu”. Bien des fois, depuis lors, pendant lès journées d'été, au moment où le soleil est le plus chaud, il a ouï s'élever le même vent, “enflant sa même voix profonde, solennelle, memnonienne, religieuse”. C'est, ajoute-t-il, le seul symbole de l'éternité qu'il soit donné à l'oreille humaine de percevoir. Et trois fois dans sa vie il a entendu le même son, dans les mêmes circonstances, entre une fenêtre ouverte et le cadavre d'une personne morte un jour d'été.


    Tout à coup, ses yeux, éblouis par l'éclat de la vie extérieure et comparant la pompe et la gloire des cieux avec la glace qui recouvrait le visage de la morte, eurent une étrange vision. Une galerie, une voûte sembla s'ouvrir à travers l'azur, - un chemin prolongé à l'infini. Et sur les vagues bleues son esprit s'éleva ; et ces vagues et son esprit se mirent à courir vers le trône de Dieu; mais le trône rayait sans cesse devant son ardente poursuite. Dans cette singulière extase, il s'endormit; et quand il reprit possession de lui-même, il se retrouva assis auprès du lit de sa soeur. Ainsi l'enfant solitaire, accablé par son premier chagrin, s'était envolé vers Dieu, le solitaire par excellence.


     Ainsi l'instinct, supérieur à toute philosophie, lui avait fait trouver dans un rêve céleste un soulagement momentané.

    Charles Baudelaire

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  •  

     

     

    Dans son regard froid et vide le   monde est absent.

     Il n'y a rien de doux dans l'âme de ses yeux, seulement une profonde détresse.

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  •  

    "Et le Corbeau, sans voleter, siège encore — siège encore sur le buste pallide de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve, et la lumière de la lampe, ruisselant sur lui, projette son ombre à terre : et mon âme, de cette ombre qui gît flottante à terre, ne s’élèvera — jamais plus !"

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