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  • C'est toute la beauté des larmes ; elles peuvent avoir deux significations opposées. On pleure de douleur, on pleure de bonheur. Peu de manifestations physiques ont cette identité à deux têtes, comme pour matérialiser la confusion.

    Le mystère Henri Pick - David Foenkinos




     
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  • Toute la vie est irraisonnable. Il est irraisonnable que l’homme ait un cæcum inutile, que le  cheval ait un vestige du cinquième doigt ; tous les restes ataviques des êtres vivants sont mauvais, et en particulier, la lutte pour la vie : c’est une dépense inutile d’énergie.
    L’homme apporte la raison dans le monde de la nature en détruisant la lutte irraisonnable et la dépense d’énergie, mais cette activité est extérieure, lointaine, seulement reflétée. L’homme ne voit cette irraison que par l’intelligence.
    Mais l’irraison de sa vie, non seulement il la voit par sa raison, mais il la sent par le cœur, comme contraire à l’amour, et il la sent par tout son être. Et, en ce mélange de l’irraison de sa vie et de la raison consiste sa vie.
    Il est très important de constater ici que l’irraison de la nature se reconnaît par la raison, et celle de la vie humaine par le cœur (l’amour) et la raison.
    La vie de l’homme consiste à transformer en raisonnable ce qui est dans sa vie irraisonnable. Pour cela deux choses sont nécessaires :
    1° Voir dans toute son importance l’irraison de la vie et n’en pas détacher son attention ; 2° reconnaître dans toute sa pureté la raison de la vie possible.
    En reconnaissant toute l’irraison de la vie, et la misère qui en découle toujours, l’homme, involontairement, se détourne d’elle, et, d’autre part, ayant clairement reconnu la raison de la  vie possible, l’homme y aspire malgré lui. C’est pourquoi le problème de tous les maîtres de l’humanité devrait être de ne pas cacher le mal de l’irraison et de mettre en évidence tout le bien de la vie raisonnable. Mais toujours se placent au siège de Moïse ceux qui ne marchent pas à la lumière parce que leurs œuvres sont mauvaises.
    C’est pourquoi les hommes qui se donnent comme des maîtres, non seulement ne tâchent pas d’expliquer l’irraison de la vie et la raison de l’idéal, mais, au contraire, ils cachent l’irraison de la vie et détruisent la confiance en la raison de l’idéal.
    C’est ce qui se fait dans notre vie, toute l’activité des hommes consiste à cacher l’irraison de la vie. À cette fin existent et agissent :
    1° La police ; 2° l’armée ; 3° les lois criminelles ; 4° les établissements philanthropiques : asiles d’enfants et de vieillards ; 5° les asiles d’enfants abandonnés ; 6° les maisons de tolérance ; 7° les asiles d’aliénés ; 8° les hôpitaux, surtout ceux de syphilis et de tuberculose ; 9° les sociétés d’assurance ; 10° les pompiers ; 11° les établissements même très obligatoires et construits avec l’argent recueilli par force ; 12° les maisons de correction des mineurs, les établissements agronomiques, les expositions, etc.
    Si seulement 0,001 de l’énergie qui se dépense  à construire tout ce qui a pour but de cacher le mal, et en fait l’augmente (il est très intéressant de suivre comment, d’une façon fatale, chacun de ces établissements, outre qu’il cache le mal, en produit un nouveau et augmente comme une boule de neige celui qu’il est censé détruire, voyez, par exemple, les hospices d’enfants abandonnés, de fous, les orphelinats, les prisons, l’armée), était employé à montrer tout ce que ces établissements veulent nous cacher, ce mal, qui est maintenant si évident et nous tourmente, se détruirait promptement.

    Léon Tolstoï

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