• Quand un homme s'angoisse pour son loyer, les traites de sa voiture, le réveille-matin, l'éducation du gosse, un dîner à dix dollars avec sa petite amie, l'opinion du voisin, le prestige du drapeau ou les malheurs de Brenda Starr, une pilule de LSD a toutes les chances de le rendre fou parce qu'il est déjà fou en un sens, écrabouillé par les interdits sociaux et rendu inapte à toute réflexion personnelle.

    "Nouveaux contes de la folie ordinaire"
    Charles Bukowski *

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  • Comment diable un homme peut-il se réjouir d'être réveillé à 6h30 du matin par une alarme, bondir hors de son lit, avaler sans plaisir une tartine, chier, pisser, se brosser les dents et les cheveux, se débattre dans le trafic pour trouver une place, où essentiellement il produit du fric pour quelqu'un d'autre, qui en plus lui demande d'être reconnaissant pour cette opportunité ?

    Charles Bukowski

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    L'horreur, ce n'est pas la mort, mais la vie que mènent les gens avant de rendre leur dernier soupir. Ils n'ont aucune considération pour elle et ne cesse de lui pisser, de lui chier dessus. Des copulateurs sans conscience. Ils ne s'obsèdent que sur la baise, le cinoche, le fric, la famille, tout ce qui tourne autour du sexe. Sous leur crâne, on ne trouve que du coton. Ils gobent tout, Dieu comme la patrie, sans jamais se poser la moindre question. Mieux, ils ont vite oublié ce que penser voulait dire, préférant abandonner à d'autres le soin de le faire. Du coton, vous dis-je, plein le cerveau ! Ils respirent la laideur, parlent et se déplacent de manière tout aussi hideuse. Faites leur donc entendre de la bonne musique, eh bien ils se gratteront l'oreille. La majeur partie des morts l'étaient déjà de leur vivant. Le jour venu, ils n'ont pas senti la différence.
    "Le Capitaine est parti déjeuner..."
    Charles Bukowski *
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    Je tiens à préciser que j’ai toujours redouté la constipation plus que le cancer. Si je passe un jour sans chier, impossible de faire quoique ce soit, de sortir. Je suis tellement désespéré que j’essaie de me sucer la queue pour me débloquer le système, pour que ça se remette à circuler. Et quand tu essaies de te sucer la queue, tu n’arrives qu’à te tordre horriblement les vertèbres, la nuque, les muscles, toute la carcasse. Tu essaies de bander aussi raide que tu peux et tu te plies en deux comme un type à la torture, les jambes autour du cou et coincées dans les montants du lit, le trou du cul palpitant comme une hirondelle blessée dans la neige, tout noué contre ta panse à bière, les tendons tendus à casser, et le plus dur c’est qu’il ne te manque pas vingt centimètres, ou trente, mais quelques millimètres à peine, entre le bout de ta langue et le bout de ta queue, aussi infranchissables qu’un gouffre de cent kilomètres. Dieu, ou le Diable, savait ce qu’il faisait quand Il nous a conçus.

    "Nouveaux contes de la folie ordinaire" *
    Charles Bukowski

     

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  • Tout allait de travers. Les gens s’accrochaient aveuglément à la première bouée de sauvetage venue : le communisme, la diététique, le zen, le surf, la danse classique, l’hypnotisme, la dynamique de groupe, les orgies, le vélo, l’herbe, le catholicisme, les haltères, les voyages, le retrait intérieur, la cuisine végétarienne, l’Inde, la peinture, l’écriture, la sculpture, la musique, la profession de chef d’orchestre, les balades sac à dos, le yoga, la copulation, le jeu, l’alcool, zoner, les yaourts surgelés, Beethoven, Bach, Bouddha, le Christ, le H, le jus de carotte, le suicide, les costumes sur mesure, les voyages en avion, New York City, et soudain, tout se cassait la gueule, tout partait en fumée. Il fallait bien que les gens trouvent quelque chose à faire en attendant de mourir. Pour ma part, je trouvais plutôt sympa qu’on ait le choix.

    Charles Bukowski *
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