• Moi, l'histoire mondiale, ça ne m'intéresse pas. La seule histoire qui m'intéresse, c'était la mienne. Tu parles d'une merde, tout ça. D'abord, c'était papa et maman qui vous donnaient des ordres et n'arrêtaient pas de vous faire chier et après, au moment où vous vouliez voler de vos propres ailes, c'étaient les autres qui tenaient à vous coller un uniforme sur le dos pour que vous puissiez vous faire tirer dans le cul!
    Le vin avait un goût excellent. J'en pris.
    La guerre. Et moi qui était toujours puceau!
    Quoi? Se faire arracher la tête pour l'amour de l'Histoire avant même de savoir ce qu'était une femme? Avant d'avoir été propriétaire d'une automobile? Comme si j'avais quoi que ce soit à protéger!
    D'autres, que je protégerais, c'est tout!
    D'autres qui, eux, se foutaient pas mal de ma pomme. Non: mourir dans une guerre n'avait jamais empêché les guerre d'arriver.

    "Souvenir d'un pas grand-chose" Charles Bukowski *

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  • La mort subite ne date pas d'hier, la mort subite de masse non plus. Nous avons juste affiné le procédé. Des siècles de savoir, de culture et d'expérience, des librairies bien grasses et croulant sous les bouquins; des tableaux qui se vendent des millions; la médecine qui transplante un coeur; impossible de reconnaître un fou d'un homme normal dans les rues, et voilà nos vies entre les pattes d'une bande de crétins. Les bombes ne tomberont peut-être pas; les bombes tomberont peut-être. P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non...

    Maintenant, oubliez-moi, chers lecteurs, je retourne aux putes, aux bourrins et au scotch, pendant qu'il est encore temps. Si j'y risque autant ma peau, il me paraît moins grave de causer sa propre mort que celle des autres, qu'on nous sert enrobée de baratin sur la Liberté, la Démocratie et l'Humanité, et tout un tas de merde.

    Contes de la folie ordinaire *
    Charles Bukowski

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  • Art

    Attaquons ce qu'on appelle art;
    Le style,
    Le style est la réponse à tout.
    L'approche neuve d'une chose terne et dangereuse.
    Mieux vaut faire une chose terne avec du style
    Qu'une chose dangereuse avec style, c'est ça, l'art.[...]
    La boxe peut être un art.
    Faire l'amour peut être un art.
    Ouvrir une boîte de sardines, peut être un art.
    Rares sont ceux qui ont du style.
    Rares sont ceux qui peuvent le garder.
    J'ai vu les chiens avoir plus de style que les hommes,
    Bien que peu de chiens aient du style.
    Les chats en ont à profusion.
    Hemingway se faisant gicler la cervelle contre le mur au calibre 12 ...
    Ça c'est du style.
    Quelquefois, les gens vous donnent du style.
    Jeanne d'Arc avait du style, Jean-Baptiste, Jésus,
    Socrate, César, Garcia-Lorca.
    J'ai connu en prison des hommes qui avaient du style.
    J'en ai connu plus en prison que hors de prison.
    Le style, c'est une différence.
    Une façon de faire, une façon d'être.
    Six hérons juchés sur leurs pattes dans un étang...
    Ou vous, qui sortez nu des chiottes.
    Sans me voir.

    "Contes de la folie ordinaire" Charles Bukowski *

     

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  •  

    L'horreur, ce n'est pas la mort, mais la vie que mènent les gens avant de rendre leur dernier soupir. Ils n'ont aucune considération pour elle et ne cesse de lui pisser, de lui chier dessus. Des copulateurs sans conscience. Ils ne s'obsèdent que sur la baise, le cinoche, le fric, la famille, tout ce qui tourne autour du sexe. Sous leur crâne, on ne trouve que du coton. Ils gobent tout, Dieu comme la patrie, sans jamais se poser la moindre question. Mieux, ils ont vite oublié ce que penser voulait dire, préférant abandonner à d'autres le soin de le faire. Du coton, vous dis-je, plein le cerveau ! Ils respirent la laideur, parlent et se déplacent de manière tout aussi hideuse. Faites leur donc entendre de la bonne musique, eh bien ils se gratteront l'oreille. La majeur partie des morts l'étaient déjà de leur vivant. Le jour venu, ils n'ont pas senti la différence.

    Le Capitaine est parti déjeuner... de Charles Bukowski *

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  • La route que j'avais devant moi, j'aurais presque pu la voir. J'étais pauvre et j'allais le rester. L'argent, je n'en avais pas particulièrement envie. Je ne savais pas ce que je voulais. Si, je le savais. Je voulais trouver un endroit où me cacher, un endroit où il n'était pas obligatoire de faire quoi que ce soit. L'idée d'être quelque chose m'atterrait. Pire, elle me donnait envie de vomir. Devenir avocat, conseiller, ingénieur ou quelque chose d'approchant me semblait impossible. Se marier, avoir des enfants, se faire coincer dans une structure familiale, aller au boulot tous les jours et en revenir, non. Tout cela était impossible. Faire des trucs, des trucs simples, prendre part à un pique-nique en famille, être là pour la Noël, pour la Fête nationale, pour la Fête des Mères, pour... les gens ne naissaient-ils donc que pour supporter ce genre de choses et puis mourir ?

    "Souvenirs d'un pas grand-chose" *
    Charles Bukowski

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