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    Inventez-vous puis réinventez-vous,
    
ne nagez pas dans le même bourbier
    
inventez-vous puis réinventez-vous
    et
    
libérez-vous des griffes de la médiocrité.

    Inventez-vous puis réinventez-vous,
    
changez de ton et de forme si souvent qu’on ne pourra

    jamais
    
vous
    
cataloguer.

    Ressourcez-vous et
    
acceptez ce qui est
    
mais uniquement selon les termes que vous avez inventés

    et réinventés

    apprenez par vous-même.

    Et réinventez votre vie parce qu’il le faut ;
    
c’est votre vie et
    
son histoire

    et le présent
    
n’appartiennent
    
qu’à vous.

    Charles Bukowski

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    Nous étions ses deux seuls clients.
     — Lequel d’entre nous doit mettre les voiles ? demandai-je.
     — CELUI QUI RESSEMBLE À CÉLINE. QU’IL SE CASSE EN QUATRIÈME VITESSE.
     — Mais pourquoi ?
     — JE N’ENCAISSE PAS LES GENS QUI NE VEULENT RIEN M’ACHETER.
     Céline ou qui que ce fût d’autre sortit. Je le suivis.
     Il traversa Hollywood Boulevard, puis s’arrêta devant un kiosque à journaux.
     Aussi loin que je me souvienne, ce kiosque a toujours été là. Une fois – il y a de ça vingt ou trente ans –, j’y avais abordé trois putes que j’avais traînées jusque chez moi. Même mon chien avait eu sa gâterie, une bonne branlette. Qu’elles lui firent en se poilant. Elles étaient bourrées d’alcool et d’amphètes. Ça marchait bien jusqu’au moment où l’une d’entre elles fonça vers les toilettes. Comme elle tenait à peine debout, elle s’y écroula les quatre fers en l’air, puis elle essaya de défoncer la cuvette des chiottes à grands coups de tête. Il y avait du sang partout. Tout mon stock de grandes serviettes de bain y passa. À la fin, elle ressemblait à une momie sanglante. Je parvins à la glisser dans mon lit et revins m’asseoir avec ses copines qui finirent par lever le camp. Ma momie sanglante squatta quatre jours et quatre nuits ma piaule, buvant toute ma bière et me parlant sans arrêt des deux gosses qu’elle avait à Kansas City.
     Mon client – était-ce vraiment Céline ? — lisait un magazine.
     Le New Yorker. Qu’il n’acheta d’ailleurs pas.
     — Eux aussi ont un problème, dit-il en me fixant.
     — Ah, bon !
     — Ils ne savent pas écrire. Aucun d’entre eux.
     Survint alors un taxi en maraude.
     — TAXI ! cria Céline.
     Le taxi se mit à ralentir, et Céline se précipita vers lui, en ouvrit la portière et s’engouffra à l’intérieur.
     — HÉ, criai-je à mon tour, J’AIMERAIS VOUS POSER UNE PETITE QUESTION.
     Le taxi accéléra. Baissant la vitre, Céline laissa apparaître un bras, puis d’un doigt tendu il me fit le geste obscène qui humilie avant que la voiture ne se fonde dans le flot de la circulation.
     C’était bien le premier taxi que je voyais sur cette partie d’Hollywood Boulevard. Je veux dire vide et cherchant le client.

    "Pulp" Charles Bukowski

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    Vingt-quatre heures s’étaient écoulées.
     J’avais annulé ma causerie à la Chambre de Commerce de Palm Springs.

     Il pleuvait, et la pluie dégoulinait du plafond percé en faisant entendre sa lancinante musique : splaf, splaf, splaf, spleûf, splaf, splaf, splaf, spleûf, splaf, splaf, splaf, spleûf…

     Le saké me tenait chaud. Façon de causer, car je n’étais pas loin d’avoisiner le degré zéro. J’ai cinquante-cinq ans et je n’ai jamais réussi à me protéger de la pluie. Sa vie durant, mon père n’a cessé de me répéter que je finirais, pris à mon propre piège, dans l’arrière-cour d’une maison qui ne m’appartiendrait pas et, comble de malchance, au fin fond de l’Arkansas. Il n’est pas dit que je n’y
    arriverai pas. Les Greyhound roulent tous les jours. Par bonheur, le bus me constipe, et on y trouve toujours un barbu cradingue, made in England, qui vous ronfle aux oreilles. Moyennant quoi, mieux valait ne pas lâcher le dossier Céline.

    "Pulp" Charles Bukowski

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    Ce qu'il nous faut c'est
    des cours de langue américaine
    et des poètes sortis tout droit
    des mines
    des docks
    des usines
    des hôpitaux
    des prisons
    des bars
    des bateaux
    et des aciéries
    des poètes américains,
    déserteurs des armées
    échappés des asiles de fous
    déserteurs de femmes et de vies étouffantes ;
    des poètes américains :
    marchands de glace, commerciaux en cravate, distributeurs de journaux, manutentionnaires, chauffeurs-livreurs, maquereaux, liftiers, plombiers, dentistes, clowns, promeneurs de chevaux, meurtriers (on a entendu parler des victimes), barbiers, mécaniciens, garçons de café, groom, passeurs de drogue, boxeurs, barmen, des autres, des autres,
    des autres

    Tant que ceux-là n'arriveront pas
    notre pays restera
    mort en honteux



    Tempête pour les morts et les vivants  -  Charles Bukowski *
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    Il prit le livre de Camus Actuelles... lut quelques pages. Camus parlait de l'angoisse, de la peur, et de la misérable condition de l'Homme, mais il en parlait d'une manière si confortable et fleurie... son langage... qu'on avait l'impression que rien ne l'affectait, ni lui, ni son écriture. En d'autres termes, tout pourrait aussi bien aller pour le mieux; Camus écrivait comme un type qui vient juste de finir un bon steak avec des frites et de la salade, complété par une bonne bouteille de vin. L'humanisé souffrait peut-être, mais lui pas. Un sage, sans doute, mais Henry préférait ceux qui criaient quand ils se brûlaient. Il laissa tomber le livre par terre et essaya de dormir.
     
    "Je t'aime Albert"   Charles Bukowski

     

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