•  " L'Archangélique et autres poèmes"

     

    Je bois dans ta déchirure
    et j'étale tes jambes nues
    je les ouvre comme un livre
    où je lis ce qui me tue.

     Georges Bataille

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  • Oh! que tout oeil rempli d'amour
    Facilement se fait comprendre,
    Et comme il sait bien, tour à tour,
    Se faire charmant, doux et tendre!

    Qu'il soit d'un beau bleu langoureux,
    Ou plus noir que l'est la nuit même,
    Toujours lorsqu'il est amoureux,
    L'oeil est d'une douceur extrême.

    L'oeil de la blonde pour l'amant
    Est celui qui va plus à l'âme,
    Mais l'oeil de la brune est vraiment
    Celui qui contient plus de flamme.

    Pourtant tout oeil rempli d'amour,
    Soit d'une brune ou d'une blonde,
    Trouve la nuit comme le jour,
    Des admirateurs par le monde.

    Albert Ferland

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  • Comme une fleur à plaisir effeuillée
    Pâlit, tombe et s'efface une brillante erreur.
    Ivre de toi, je rêvais le bonheur :
    Je rêvais, tu m'as éveillée.

    Que ce réveil va me coûter de pleurs !
    Dans le sein de l'amour pourrai-je les répandre ?
    Il m'enchaînait à toi par des liens de fleurs ;
    Tu me forces à les lui rendre.

    Un seul mot à nos yeux découvre l'avenir ;
    Un reproche souvent attriste l'espérance.
    Hélas ! S'il faut rougir d'une tendre imprudence,
    Toi qui la partageas, devais-tu m'en punir ?

    Loin de moi va chercher un plus doux esclavage,
    va ! De tout mon bonheur j'ai payé ton bonheur.
    Eh bien ! Pour t'en venger, tu m'as rendu mon cœur,
    Et tu me l'as rendu brûlant de ton image.

    Je le reprends ce coeur blessé par toi !
    Pardonne à mon imprévoyance :
    Je lui dois ton indifférence ;
    Que te faut-il encor pour te venger de moi ?

    Marceline Desbordes-Valmore, Élégies *

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  •  

     

    Toutes les fleurs veulent se changer en fruits,
    Toute matinée veut devenir soirée,
    Sur terre rien n’est éternité,
    Si ce n’est le mouvement, le temps qui fuit.

    Même le plus bel été veut voir une fois
    La nature qui se fane, l’automne qui vient.
    Reste tranquille, feuille, garde ton sang-froid
    Lorsque le vent veut t’enlever au loin.

    Poursuis tes jeux et ne te défends pas,
    Laisse les choses advenir sans heurts,
    Laisse enfin le vent qui te détacha
    Te conduire jusqu’à ta demeure.

    "Eloge de la vieillesse" Hermann Hesse *

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  •  

    Autrefois pour faire sa cour, on parlait d'amour
    Pour mieux prouver son ardeur, on offrait son cœur
    Maintenant c'est plus pareil, ça change, ça change
    Pour séduire le cher ange, on lui glisse à l'oreille, ah,
    Gudule!

    Viens m'embrasser et je te donnerai
    Un frigidaire, un joli scooter un atomixer et du Dunlopillo
    Une cuisinière avec un four en verre
    Des tas de couverts et des pelles à gâteaux
    Une tourniquette pour faire la vinaigrette
    Un bel aérateur pour bouffer les odeurs
    Des draps qui chauffent, un pistolet à gaufres
    Un avion pour deux et nous serons heureux.

    Autrefois, s'il arrivait que l'on se querelle
    L'air lugubre, on s'en allait en laissant la vaisselle
    Maintenant, que voulez-vous, la vie est si chère
    On dit rentre chez ta mère et l'on se garde tout, ah,
    Gudule!

    Excuse-toi ou je reprends tout ça
    Mon frigidaire, mon armoire à cuillères
    Mon évier en fer et mon poêle à mazout
    Mon cire-godasses, mon repasse-limaces
    Mon tabouret à glace et mon chasse-filous
    La tourniquette à faire la vinaigrette
    Le ratatine-ordures et le coupe-friture
    Et si la belle se montre encore cruelle
    On la fiche dehors pour confier son sort

    Au frigidaire, à l'efface-poussière
    A la cuisinière, au lit qu'est toujours fait
    Au chauffe-savates, au canon à patates
    À l'eventre-tomates, à l'écorche-poulet
    Mais très très vite, on reçoit la visite
    D'une tendre petite qui vous offre son cœur
    Alors, on cède car il faut qu'on s'entraide
    Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois
    Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois.

    Boris Vian

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