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    Un don en vain, un don du hasard,
    La vie, pourquoi me l'a-t-on donnée ?
    Pourquoi, par un destin secret
    Tu es condamné à être mis à mort ?

    Qui, par une puissance hostile
    Qui m'a fait venir du néant
    Et a rempli mon âme de passion,
    et le doute de mon esprit... ?

    Il n'y a pas de but avant moi :
    Mon cœur est vide, mon esprit est inactif,
    Et mon cœur est vide, mon esprit est inactif.
    Le bruit de la vie à une voix.

    Pouchkine,

    May 26, 1828 

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  • Les perdus, les absents, les morts que fait la vie,
    Ces fantômes d'un jour si longuement pleurés,
    Reparaissent en rêve avec leur voix amie,
    Le piège étincelant des regards adorés.

    Les amours prisonniers prennent tous leur volée,
    La nuit tient la revanche éclatante du jour.
    L'aveu brûle la lèvre un moment descellée.
    Après le dur réel, l'idéal a son tour !

    Ô vie en plein azur que le sommeil ramène,
    Paradis où le coeur donne ses rendez-vous,
    N'es-tu pas à ton heure une autre vie humaine,
    Aussi vraie, aussi sûre, aussi palpable en nous,

    Une vie invisible aussi pleine et vibrante
    Que la visible vie où s'étouffent nos jours,
    Cette vie incomplète, inassouvie, errante,
    S'ouvrant sur l'infini, nous décevant toujours ?

     

    Augustine-Malvina BLANCHECOTTE (1830-1895)

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    La petite Espérance s'avance entre ses deux grandes sœurs
    et on ne prend pas seulement garde à elle.
    Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin
    raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route
    entre ses deux sœurs la petite espérance
    S'avance.
    Entre ses deux grandes sœurs.
    Celle qui est mariée.
    Et celle qui est mère.
    Et l'on n'a d'attention, le peuple chrétien n'a d'attention
    que pour les deux grandes sœurs.
    La première et la dernière.
    Qui vont au plus pressé.
    Au temps présent.
    A l'instant momentané qui passe.
    Le peuple chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n'a
    de regard que pour les deux grandes sœurs.
    Celle qui est à droite et celle qui est à gauche.
    Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu.
    La petite, celle qui va encore à l'école.
    Et qui marche.
    Perdue dans les jupes de ses sœurs.
    Et il croit volontiers que ce sont les deux grands
    qui traînent la petite par la main.
    Au milieu.
    Entre les deux.
    pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut.
    Les aveugles qui ne voient pas au contraire.
    Que c'est elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs.
    Et que sans elle elles ne seraient rien.
    Que deux femmes déjà âgées.
    Deux femmes d'un certain âge.
    Fripées par la vie.
    C'est elle, cette petite, qui entraîne tout.

    Le Porche du mystère de la deuxième vertu (1912) - Péguy

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    Voulez-vous voir mon cœur, ouvrez-moi la poitrine,
    Vous y verrez les traits de vos rares beautés,
    Vous verrez en mon sang mille diversités
    Émues par l’amour qui par vous y domine.

    Vous y verrez l’ardeur de ma flamme divine,
    Vous verrez tout au près mes poumons agités
    Qui soupirent pour vous, et mille cruautés
    Exciter la rigueur qui ma vie termine.

    Mais las ! arrêtez-vous, vous n’y pourriez rien voir,
    Car la mort aussi tôt ayant sur moi pouvoir
    Effacerait l’effet du désir qui m’enflamme.

    Regardez mes soupirs, vous y verrez mon cœur,
    Vos beautés mon amour, vos rigueurs ma douleur,
    Et soyez humble aux pleurs que vous offre mon âme.

    François Béroalde de Verville *

     

     

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    Contre le conformisme et la normalité

    Je hais,

    parce
    qu’ils sont mauvais
    comme la faim habituelle
    dans un estomac d’enfant,

    les gens
    qui essaient
    de changer l’homme
    le chercheur de vérité
    en
    un taureau castré
    paissant
    dans la paix
    de la mort mentale
     
    "Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus"   Richard Brautigan *

     

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