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    Une fin de nuit, après mes trois heures trente d'heures sup', et alors que, la trouille au ventre, je roulais sous la menace du retrait de permis de conduire suite à une longue série de contraventions, il ma fallut tourner à gauche. Or l'épave qui me servait de carrosse était dépourvue de clignotants. Je devais donc indiquer mon intention avec mon bras gauche. Sauf qu'au moment où je commençais à en esquisser le geste, une douleur insoutenable, semblable à un jet d'eau brûlante, m'irradia le bras et m'empêcha de l'extraire de l'habitacle. Au mieux, j'aurais peut-être pu sortir la moitié d'une main. Un moignon, pas le membre entier. À ce moment-là, et comme par une fait exprès, je me fis l'impression de m'être scindé en deux, j'étais à la fois l'acteur et le spectateur de ma propre déchéance. En sorte que je glissai un doigt dans l'air de la nuit, un seul doigt, riquiqui, dérisoire, et que je tournai le volant vers la gauche. Je fus pris d'un fou rire : tout cela était du dernier ridicule, ça m'apprendrait à les laisser m'assassiner. Ce moment d'hilarité me fit du bien, j'étais comme soulagé d'un énorme poids. Et, tout en continuant de rouler, j'admis en mon for intérieur que j'allais devoir arrêter les frais. N'importe quel clodo qui roupillait dans une décharge vivait mieux que moi. Conclusion : j'étais l'un des plus grands imbéciles de cette planète.
     
    "Un carnet taché de vin"  Charles Bukowski *
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  • "A la salle de bain..."
    Mon père ferma la porte.
    "Descend ton pantalon."
    Je l'entendis décrocher le cuir à rasoir. J'avais toujours mal à la jambe droite. Ça n'allait pas m'aider. Le cuir, je le connaissais depuis longtemps. Tout le monde était indifférent à mes ennuis : ça non plus, ça ne m'aidait pas. Là-bas, de l'autre côté, des gens , il y en avait des millions. Et aussi de chiens et des chats, et des rats à bourses, et bâtiments, et des rues: mais cela n'avait aucune importance. Ici, il n'y avait que mon père, le cuir à rasoir, la salle de bain et moi. Ce cuir à rasoir, il s'en servait pour aiguiser son rasoir et moi, dès le matin, je la haïssait: cette gueule toute blanche de crème à raser! Ce type qui se rasait debout devant la glace. C'est alors que le premier coup de cuir m'arriva dessus. Ça fit un grand bruit plat, un bruit presque aussi horrible que la douleur que je ressentis. Le cuir s'abattit une deuxième fois. A agiter son cuir, mon père ressemblait à une machine à frapper. J'eus l'impression d'être enfermé dans un tombeau. Le cuir s'abattit encore une fois: je me dis que c'était surement le dernier coup. Mais non. Il retomba encore et encore. Mon père, je ne le haïssais pas. Il y avait seulement qu'il était incroyable, que moi, j'avais tout simplement envie de m'éloigner de lui. Je n'arrivais pas à pleurer. J'étais bien trop mal pour pleurer, bien trop paumé. Le cuir atterrit encore une fois. Et puis mon père s'arrêta. Je me redressai et attendis. Je l'entendis raccrocher le cuir. [...]
    Je l'entendis sortir de la salle de bain. Il avait refermé la porte de la salle de bain. Les murs de la salle de bain étaient beaux, la baignoire était belle, le lavabo était beau, et aussi le rideau de douche. Même le siège des W.-C.
    Mon père n'était plus là
    "Souvenirs d'un pas grand-chose"(*)

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  • A 25 ans, les trois-quarts des gens étaient foutus. Il ne restait plus qu’une nation entière de trous du cul qui passaient leur temps à conduire des voitures, à bouffer, à avoir des gosses et à tout faire de la pire des façons, comme de voter pour le candidat à la présidence qui leur ressemblait le plus.

    "Souvenirs d'un pas grand-chose"*

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    Le petit monde des journaux, c’est vraiment la queue de l’espèce; les portiers qui vont ramasser les Tampax dans les chiottes des femmes sont plus humains – sans forcer.

    Charles Bukowski

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