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    Tous les yeux sont ardents --- sous le soleil
    Chaque jour est un jour différent
    Je te le dis pour le cas
    Où je te tromperais : quelles

    Que soient les lèvres
    Que j'embrasse, à l'heure d'amour
    A la mi-nuit noire, à qui que ce soit
    Que je jure furieusement de vivre

    Comme une mère à son enfant
    Comme fleurit une fleur
    Sans jamais promener mon regard
    Sur qui que ce soit d'autre...

    Tu vois, cette petite croix en cyprès
    Car --- tu la connais ---, tout
    S'éveillera --- à ton premier signe ---
    Sous ma fenêtre

    22 février 1915

    Marina Tsvetaeva *

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    Hyacinthe ! Ô mon cœur ! Jeune dieu doux et blond !
    Tes yeux sont lumière de la mer ! Ta bouche,
    Le sang rouge du soir où mon soleil se couche...
    Je t'aime, enfant câlin, cher aux bras d'Apollon.

    Tu chantais, et ma lyre est moins douce, le long
    Des rameaux suspendus que la brise effarouche
    À frémir, que ta voix à chanter, quand je touche
    Tes cheveux couronnés d'acanthe et de houblon.

    Mais tu pars ! Tu me fuis pour les Portes d'Hercule ;
    Va ! Rafraîchis tes mains dans le clair crépuscule
    Des choses où descend l'âme antique. Et reviens,

    Hyacinthe adoré ! Hyacinthe ! Hyacinthe !
    Car je veux voir pour toujours les bois syriens
    Ton beau corps étendu sur la rose et l'absinthe.

    « Une lettre écrite en vers libre par Mr Oscar Wilde à un ami et traduite en vers rimés par un poète sans importance », 1893.

    Pierre Louÿs *

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  • De mes vers, écrits si tôt
    Que je ne me savais pas poète
    Jaillis comme l'eau des fontaines
    Comme le feu des fusées

    S'engouffrant comme des diablotins
    Dans le sanctuaire plein de rêves et d'encens
    De mes vers de jeunesse et de mort
    --- De mes vers jamais lus !----

    Jetés dans la poussière des libraires
    (Où personne n'en veut ni n'en a voulu)
    De mes vers, comme des vins précieux
    Viendra le tour

    mai 1913

    Marina Tsvetaeva

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    Les veilleuses dont notre nuit est parfumée
    Sont des sœurs dont les longs regards sont des secrets
    Et les yeux de nacre et de perle des coffrets
    Nous pénètrent, et sur la basse cheminée,

    Le miroir où ta beauté nue est confirmée
    Répète ces regards et ces yeux indiscrets,
    Qui troublants comme les feux pâles d’un marais,
    Hantent le cœur du doux poète et de l’Aimée.

    O ces yeux, tous ces yeux, dans le calme aromal
    De l’amour, sont d’autant plus tendres qu’ils font mal
    Et notre âme connaît des terreurs, pourtant pures.

    Mais quand l’aube s’abat sur nos chastes volets,
    La fenêtre a deux yeux bleus et vides, si laids
    Que nous tirons sur nous toutes les couvertures.

    Germain Nouveau *

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    Je ne croyais plus pouvoir aimer un être humain
    Avant que je n'aie vu sous la lumière verte
    Tes longs cheveux dorés et ta poitrine ouverte
    Il en est tant passé de corps entre mes mains
    Mais j'ai compris que toi sans que nul ne l'apprenne
    Tu serais l'être enfin que je pourrais chérir
    Et qu'en toi jusqu'au jour je jouirai? mon tour
    A mourir de plaisir avant qu'ils ne te prennent

    Notre roman d'amour
    On n'en doit pas parler
    Est-ce encore de l'amour
    Que de l'amour vol?
    Ecartelé
    au lit de fer chromé
    On n'en doit pas parler
    Nul ne doit en douter
    Et nul ne le saura
    Pas m? me toi!

    Ta vie est dans ce seau avec ton coeur aimant
    Je ne sais rien de plus je ne veux pas savoir
    Qui tu? tais hier et que put décevoir
    Ton pauvre coeur crevé par un quelconque amant
    Car j'aurais beau te prendre à t'en anéantir
    Explorer tous les plis de ton corps? vidé
    Ses mille et un méandres aux couleurs d'orchidées
    Ton corps restera froid comme celui des martyrs

    Notre roman d'amour
    On n'en doit pas parler
    Est-ce encore de l'amour
    Que de l'amour vidé
    Raccommodé
    Aux draps de toile cirée?
    On n'en doit pas parler
    Nul ne doit s'en douter
    Et nul ne le saura
    Pas m? me toi!

    Je t'ouvre, je te force, je t'assassine encore
    Je te traite en esclave, je te traite en putain
    J'oblige? l'infamie ton sourire incertain
    Pourquoi me réfréner puisque tu n'es qu'un corps?
    Quel est ce monstre en toi, me disent tes yeux sombres
    Que puis-je te répondre? C'est ma façon d'aimer
    D'autres courent dans la nuit comme des affamés
    Moi je ne viole personne, je ne pollue qu'une ombre

    Demain je recoudrai tes blessures ouvertes
    Je fermerai tes yeux comme font ceux qui croient
    Tes mains que je profane étreindront une croix
    Je te ramènerai sous la lumière verte
    Demain il sera temps pour l'indifférent qui
    Pleurera sur ton sort pour ta pieuse famille
    Il sera temps demain que je te remaquille
    Après m'être gorgé de ton cadavre exquis

    Paroles écrites par P.Philippe pour Jean Guidoni (chanteur)

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