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Par Cruella le 6 Janvier 2021 à 10:31Sous son maquillage aux souriantes couleurs,le clown triste dissimule son chagrin.Il se courbe sous le fardeau de la douleur?son amie si fidèle depuis tant de matins.Il allume des étoiles au fond de ses yeux,Et présente ses lèvres fardées de bonheuraux regards toujours en quête de merveilleux ;pourtant, ils sont aveugles devant son malheur.Il n’est pas étranger à cette indifférence ;pour voir fleurir des sourires sur les visages,il enferme, derrière son masque, sa souffranceet son habitude, ses pleurs et leurs ravages.» Qu’importe « se dit-il… » Ne sont-ils pas ravis ! »Il s’est réjoui de tous les rires des enfantspassionnés, assis au premier rang de sa vie,et leur a offert toutes les rides du temps.Il n’attend ni gratitude ni compassion,juste un peu de compréhension et d’indulgence,quand s’éteindront les lumières de la raisonet se fermeront les portes de la souffrance.Dans le silence du soir, il entend l’espoirl’implorer de sécher ses larmes de détresse,d’enlever les artifices de son histoirede petit clown triste et de goûter à l’ivresse.Michèle BRODOWICZ
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Par Cruella le 29 Décembre 2020 à 10:30
La solitude est lourde et sans rien qui la trouble,
Sous les nuages noirs aux rauques grondements
S’étend sans fin la plaine, où les marais dormants
Étalent leur surface empuantie et trouble.
Par la morne étendue un bouquet de roseaux
Pousse de ci, de là ; parfois une cigogne
Sur une patte, au bord d’un marais, se renfrogne
Sans bouger, sans songer, en contemplant les eaux.
Mon âme est ce pays, et pas une pensée
Depuis les jours enfuis ne l’a plus traversée ;
Plus un ancien bonheur, plus un chagrin nouveau :
Rien que mon seul amour, que votre seule image,
Pareille au triste oiseau rêvant du paysage,
Qui veille en ma mémoire et hante mon cerveau.André Fontainas *
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Par Cruella le 17 Décembre 2020 à 09:50
J’ai tant regardé la rivière
et le soleil
et le doux ciel,
que j’ai lâché mon roseau vert.
Il est allé dans l’eau si claire,
il est allé jusqu’à la mer !
J’ai voulu cueillir aussitôt
un autre roseau si beau,
mais je me suis coupée aux herbes,
mes cheveux ont traîné dans l’eau...
(Ah ! rendez-moi donc mon roseau
et ma prairie et ma rivière !)
J’ai vu passer le fils du roi ;
il m’a dit : « Ma belle, pourquoi,
le long de la jolie rivière,
pourquoi pleures-tu là ? »
Ha ! Ha !
C’était le fils du roi.
Il m’a dit : « Viens avec moi,
et si tu veux tu seras reine.
Tu auras pour filer la laine
un rouet d’or, et un fuseau
aussi léger qu’un os d’oiseau !»
Las! je suis reine et prisonnière
dans un royaume merveilleux.
Mon cœur, mon cœur a tant de peine,
pleurez, pleurez, mes yeux.
Où sont mes sœurs et ma rivière ?
J’ai perdu mon roseau vert.Madeleine Ley *
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Par Cruella le 11 Décembre 2020 à 11:07Beau fantôme de l'innocence,Vêtu de fleurs,Toi qui gardes sous ta puissanceUne âme en pleurs !Ô toi qui devanças nos hontesEt nos revers,Es-tu si grand que tu surmontesTout l'univers !Le reste, comme la poussière,S'est envolé,Devant le feu de ma paupièreTout s'est voilé,Tout s'est enfui, flamme et fumée,Tout est au vent ;Toi seul sur mon âme enferméePlanes souvent.Pour courir à ta voix qui crie :« Éternité ! »Pour monter à Dieu que je prie,J'ai tout jeté.La nuit, pour chasser un mensongeQui me fait peur,Ta main, plus forte que le songe,Étreint mon coeur.Quelle absence est assez profondePour te braver,Quand ton regard perce le mondePour nous trouver ?De mon âme ont jailli des âmesDignes de toi :Au milieu de ces pures flammes,Ressaisis-moi !Beau fantôme de l'innocenceVêtu de fleurs,Oh ! Garde bien en ta puissanceNotre âme en pleurs.Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
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Par Cruella le 3 Décembre 2020 à 09:37
Toi le féminin
Ne nous délaisse pas
Car tout ce qui n'est pas mué en douceur
ne survivra pas
Toi qui survivras
Révèle-nous ton mystère que peut-être
Toi-même tu ignores
sinon le mystère ne serait pas
N'est-ce pas que le printemps est empli
d'oiseaux dont l'appel se perd au loin
Que l'été nous écrase de son incandescence
sont la senteur nous poigne jusqu'aux larmes
Que l'automne nous laisse désemparés
par son trop-plein de couleurs, de saveurs
Que l'ultime saison rompt le cercle
Nous plongeant dans l'abîme
de l'inguérissable nostalgie
Mais en toi demeure le mystère que peut-être
toi-même tu ignores
En toi ce que est perdu, ce qui est à venir
Étant d'avant la pluie au furtif nuage
Colline après l'orage au contour plein
Ne nous délaisse pas
Toi le féminin
Hormis ton sein
quel lieu pour renaître ?"Le livre du Vide médian" François Cheng *
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